Classe politique?

La «classe politique», voilà une formule célèbre le plus souvent utilisée par des personnes pour en désigner d’autres alors qu’elles en font elles-mêmes entièrement partie. Elle fait référence aux politiciens qui, éloignés de leur base et enfermés dans leur tour d’ivoire, ne s’occupent que de leurs propres besoins et n’entendent ni ne voient ce que leurs électeurs souhaitent réellement. Concentrations de pouvoir incestueuses, copinages et népotisme en sont les conséquences. Ou avec un bon mot: quelle est la plus grande forme de réseau? Les magouilles!

Qu’en est-il au sein de mfe? Le comité fait-il partie des membres? Représente-t-il les médecins de famille? Prend-il les médecins de l’enfance au sérieux? Au sein du comité de mfe, la crainte d’expliquer des choses en étant totalement déconnecté de la réalité et de défendre des positions dans lesquelles personne ne se reconnaît nous accompagne continuellement. Décidons-nous autrement, discutons-nous autrement lorsque nous réalisons notre travail avec un avantage en matière de connaissances ou avec une expérience politique de longue date? Nous engageons-nous dans des impasses car nous sommes aveuglés par notre fonction?

Il est certain que le comité a des comptes à rendre aux délégués à propos de son travail, et bien sûr à tous ses membres. Nous en sommes pleinement conscients. Mais cela ne suffit pas: nous voulons savoir à quel endroit le bât blesse, nous voulons savoir ce que pensent nos collègues; de très nombreux médecins sont créatifs et ouverts! Il est bien entendu utile que nous travaillions en cabinet, que nous connaissions le quotidien de par notre propre expérience et que nous soyons aux prises avec les mêmes problèmes. Et pourtant, déjà rien que la perception dans les différentes régions de Suisse, dans des environnements sociaux différents, diffère en partie considérablement. Afin d’atteindre l’objectif visant à être le porte-parole et le représentant des intérêts du plus grand nombre de médecins de famille et de l’enfance, le comité de mfe s’est efforcé, au cours des dernières années, d’intensifier les contacts avec la base de l’association. Avec le nouveau terme français «key account management», une pierre fondatrice a été posée: chaque membre du comité est l’interlocuteur direct de la région qui lui est attribuée, il est en contact étroit avec les associations régionales, il informe et il recueille les informations à faire remonter au comité. Afin d’améliorer l’échange dans les régions, mfe organise à partir de cette année – sur le modèle de la Romandie, qui l’a déjà fait plusieurs fois – des réunions régionales également dans les autres régions de Suisse. Lors d’échanges ouverts, vivants et intéressants, nous apprenons les uns des autres: les régions entre elles et le comité vis-à-vis de la base. Et dans un souci de promotion de la relève, cela permet aux jeunes collègues de participer à la vie de la politique professionnelle. Le doute, dans un premier temps palpable, que ces réunions soient nécessaires ou positives s’est (fort heureusement) transformé en satisfaction (nous les Suisses sommes rarement enthousiasmés par quelque chose…). Cela nous encourage à planifier les réunions pour l’année 2017.

Un comité ne doit toutefois pas se contenter de réagir, de collecter des souhaits et de gérer les mécontentements, il doit également innover et aller de l’avant: «gouverner, c’est prévoir» comme on le dit si bien. Avec un tout nouveau projet pour l’année 2017, mfe met à l’honneur un domaine qui, selon nous, marquera l’avenir des soins de premier recours: l’interprofessionnalité. En collaboration avec ehpic, l’institut interprofessionnel de l’université de Toronto, mfe a organisé un cours teach the teacher en formation interprofessionnelle. Les équipes interprofessionnelles prévues ou déjà en place sont invitées à s’inscrire à ce cours qui aura lieu à Soleure fin mars et à faire une expérience complètement nouvelle. Ce que cela a à voir avec la base? Le cours doit marquer le coup d’envoi d’une nouvelle compréhension de la collaboration interprofessionnelle. Et nous nous trouvons dans le feu de l’action, toujours plus nombreux, nous participons proactivement à l’organisation et portons haut le projet.

Classe politique? J’espère qu’en tant que comité de mfe, nous ne sommes pas perçus comme tels, ou alors dans le sens positif: nous sommes l’aile politique et la force politique qui font avancer la médecine de famille et de l’enfance.