Interview du Docteur Michel Golay*
Quels éléments ont contribué à votre motivation pour participer au projet recherche I-CaM?
Avant tout, je crois que c’est le fait qu’il y ait un problème existant et reconnu par le service d’urgence, l’hôpital et le réseau de soins. Nous avions besoin d’une solution pour diminuer les conséquences liées aux GCSU qui se situent sur deux axes. D’une part, les GCSU sont en souffrance. Ils repartent du service d’urgences sans modifications majeures de leur situation. D’autre part, les professionnel-le-s de santé se sentent déstabilisé-e-s, désarmé-e-s et impuissant-e-s en se demandant: «Comment mieux les aider afin d'éviter des consultations itératives aux urgences».
Comment le projet I-CaM vous a-t-il aidé?
En permettant la mise en place d’un système qui complète le fonctionnement standard des urgences. Le service d’urgence réalise des consultations de premières lignes, centrées sur la plainte de la personne. Il est alors difficile d’avoir assez de recul pour prendre en compte la situation de la personne dans sa globalité. Pourtant, il est nécessaire de s’interroger sur les raisons qui expliquent les consultations fréquentes d’un patient. Pour le savoir, il faut du temps pour évaluer la situation en dehors du service d’urgence, par exemple en consultation ambulatoire. C’est sur ce point que le CM se concentre.
Dans l’équipe, nous avions déjà entendu parler du CM depuis des années mais sans avoir eu les ressources nécessaires pour sa mise en place. Nous avons donc été motivés par la possibilité d’implémenter le CM avec le soutien d’une équipe externe. Ce projet nous donnait aussi la possibilité d’optimiser la collaboration avec le réseau de soins, élément important pour nous.
Quels facteurs ont contribué à l’adoption du projet I-CaM au sein de l’Hôpital Intercantonal de la Broye?
Je pense que la motivation importante que nous avions pour ce projet est l’un des éléments principaux nous ayant permis de le mettre en place. L’identification d’une équipe interdisciplinaire impliquée dans le projet et l’obtention d’un financement du Réseau Nord Vaudois pour un poste de Case Manager à 20% sont d’autres facteurs clé ayant aidé à la mise en place du projet.
Ensuite, je dirais que la bonne compréhension du projet par tous les membres de l’équipe est un élément essentiel. De plus, le fait que nous ayons fixé des objectifs raisonnables et adaptés à notre institution a été une de nos forces.
Enfin, les ressources et l’accompagnement proposés par Unisanté, par exemple les documents pratiques et informatifs, les workshops et les coachings, ont aussi beaucoup aidé. De plus, il s’agissait d’un projet conduit par un professeur expert dans le domaine, ce qui nous a donné l’impulsion nécessaire pour mettre en place une intervention dont nous discutions déjà depuis plusieurs années.
Au contraire, quelles ont été les barrières à la mise en place du projet?
Le frein principal était le manque de temps! Nous avons des journées très remplies et il n’est pas simple de dégager des heures pour un nouveau projet. Au départ, il a également été difficile d’obtenir le financement d’un poste de Case Manager. Une autre difficulté concernait la mise en place d’un système informatique permettant de détecter les patients pouvant être inclus dans le projet. Pour terminer, les difficultés organisationnelles dues au fait que nous travaillons pour un hôpital intercantonal (Vaud-Fribourg) ont également été des barrières que nous avons rencontrées.
En quoi votre participation au projet a été satisfaisante pour vous?
Nous avons remarqué que la fréquence des passages aux urgences avait diminué, notamment grâce à la mise en place d’un réseau de soins adapté. Je suis satisfait du travail que nous avons fait car je pense que plusieurs patients ont retiré des bénéfices du CM. Actuellement, nous essayons d’optimiser notre efficacité afin de pérenniser cette intervention au-delà de la fin du projet I-CaM.