Dans cet article, je souhaite me pencher de plus près sur le précepte utilisé depuis des années par l’Office fédéral de santé publique (OFSP): «Protégeons-nous ensemble».
En nous vaccinant contre la grippe saisonnière et en respectant les principales mesures d’hygiène (avant tout désinfection régulière des mains), nous avons une chance relativement bonne de passer l’hiver sans complications de santé majeures.
Mais que désigne au juste le «nous»?
Cela désigne les jeunes adultes en bonne santé disposant d’un bon système immunitaire. Si le vaccin contre la grippe en question couvre bien les virus grippaux en circulation (c.-à-d. un «matching» optimal), ces personnes sont alors protégées au mieux et sont fin prêtes pour affronter l’hiver.
Qui n’est pas désigné par le «nous»?
Par exemple moi-même. Je suis certes encore jeune, mais diabétique de type 1.
Malgré la vaccination annuelle contre la grippe, mon système immunitaire et mon métabolisme compromis m’obligent à espérer d’être épargné par les virus grippaux et à compter sur le fait que mon entourage se fasse également vacciner. Mais est-ce vraiment le cas?
Quoi qu’il en soit, ce sont chaque année en Suisse quelques 100 000 personnes (notamment les seniors, les personnes atteintes d’une maladie chronique et les prématurés) qui sont potentiellement menacées de contracter la grippe bien qu’elles se soient faites vaccinées (!). Une des raisons à cela peut être un système immunitaire affaibli.
Que pouvons/pourrions-nous tous faire?
Le profane argumenterait peut-être qu’il suffirait que toutes les personnes à risque se fassent vacciner pour résoudre le problème. Malheureusement, cela serait largement insuffisant et en fin de compte tout à fait faux.
Il convient plutôt de ne pas considérer le problème de la grippe comme celui «des autres» et de prendre conscience qu’il nous faut tirer tous ensemble à la même corde. Comme chacun sait, une chaîne est aussi forte que son maillon le plus faible; cette idée peut – et devrait – être transposée à la société dans son ensemble. Cela signifierait alors que nous devons nous soucier de nos semblables plus âgés et plus faibles afin de pouvoir faire avancer la société. Il est tout simplement question de «solidarité».
A notre époque, alors que pour de nombreuses personnes le précepte est (consciemment ou non) «plus vite, plus haut, plus loin», il n’est pas toujours simple d’amener une telle «pensée communautaire» et de la développer. Mais si le principe de la solidarité est régulièrement abordé lors de la consultation (et ailleurs), il s’agirait là d’une étape essentielle (et potentiellement décisive) dans cette direction.
L’importance de l’entourage (des personnes à risque) a également été reconnue par l’OFSP, qui va pour la première fois cette année publier une brochure d’information spécifique pour les personnes de contact. Mais cette bonne brochure ne permettra pas à elle seule d’atteindre les objectifs en matière de couverture vaccinale au sein de la population.
Par conséquent, nous dépendons urgemment de vous, médecins de famille et de l’enfance. Profitez par exemple de la Journée nationale de vaccination contre la grippe (cette année le 3 novembre 2017) pour aborder de nouveau avec vos patients le sujet de la vaccination contre la grippe et de sa prévention. Il existe malheureusement encore trop de contrevérités et d’incertitudes dans la tête des gens, auxquelles il ne peut être remédié que grâce à des informations correctes.
Alors voilà: Tirons tous à la même corde et déclarons ensemble la guerre à la grippe. La solidarité est plus qu’un simple mot, c’est une attitude fondamentale qui pour moi est en fin de compte la clé du succès.
Correspondance
Fabian Egli Chef de projet «Journée nationale de vaccination contre la grippe» Collège de Médecine de Premier Recours CMPR Rue de l’Hôpital 15 CP 1552 CH-1701 Fribourg fabian.egli[at]kollegium.ch
